Photo - Série Référence

LH Audio m’avait séduit il y a quelques années avec un concept assez original d’une barrette secteur logée dans un coffret en bois très lourd, particulièrement bien fini, et neutre, puisqu’aucun composant électronique n’était présent à l’intérieur, évitant ainsi les fréquents artefacts qu’on peut rencontrer à l’utilisation de ce type d’accessoire.

J’avais tellement été convaincu que j’avais finalement conservé cette barrette, et qu’elle est toujours aujourd’hui celle que j’utilise au quotidien en complément de mes prises murales Furutech

Aujourd’hui, LH Audio étend sa gamme de produits en proposant une offre plus haut de gamme : la série Référence. Exit le joli coffret en bois. Nous sommes en présence d’un châssis en aluminium, peut-être légèrement plus conventionnel, bien qu’il reste très large et peu logeable dans un meuble.
On notera l’élégante sérigraphie de la plaque d’aluminium qui doit certainement impacter les coûts de fabrication de petites séries, en dépit des progrès constants et de la démocratisation des usinages à commande numérique…

A l’instar des précédents modèles, aucune soudure ni composant actif ne sont employés dans cette nouvelle barrette LH Audio.

L’inertie du bois massif a été remplacée par l’utilisation de matériaux absorbants et antivibrations. Le châssis repose d’ailleurs sur un système de pointes de découplage permettant de réduire drastiquement l’impact du sol. Enfin, les embases type Schuko ont été remplacées par des modèles en cuivre plaqué rhodium de chez Furutech (les fameuses FI-E30 NCF). Le Rhodium étant inoxydable, il garantit la qualité des contacts dans la durée.

Ces embases ainsi que la prise IEC de la barrette LH Audio bénéficient de la Formule Nano Crystal (NCF) qui représente le matériau d’amortissement électrique et mécanique le plus avancé chez Furutech.

Ce matériau cristallin spécial à base de fibre de verre et de nylon disposerait de deux propriétés “actives”. Tout d’abord, il génèrerait des ions négatifs qui éliminent l’électricité statique, mais il convertirait également l’énergie thermique en infrarouge lointain (LIR) dont la longueur d’onde varie de (50 µm – à 5 mm).

Furutech combine ensuite ce matériau exotique avec des particules céramiques nanométriques et de la poudre de carbone pour leur “Effet Piezo” (ayant aussi des propriétés d’amortissement).

Série Référence - 8 embases - Finition grise (2e vue)

Bon, je vous avoue que ce charabia technique ne m’impressionne pas plus que ça. Il n’en reste pas moins que Furutech est une entreprise ayant bonne réputation et qui s’est dotée de moyens légitimes pour assurer la R&D nécessaire à la structuration de son offre de produits audiophiles. Dont acte…

Je retiendrai pour ma part que LH Audio a conçu une barrette avec des propriétés mécaniques permettant de garantir une grande insensibilité aux phénomènes vibratoires.

Le câblage interne de la barrette LH Audio est réalisé à base de conducteurs de cuivre de différentes sections et d’isolants de différentes nature.

L’ensemble est entièrement fabriqué et assemblé en France, à l’exception des embases et prises japonaises.

Autre détail qui a son importance : la puissance maximale de 3600W et de 10/16 A

La barrette LH Audio est proposée en 2 versions, 6 ou 8 embases (celle de ce test en comportait 6) et deux coloris (noir ou gris).

On en saura guère plus, et on notera qu’il n’y a ici aucun procédé magique qui permettrait à cet accessoire audiophile de révolutionner l’écoute ou d’accéder à un Nirvâna sonore.

Inutile donc de s’attarder plus longtemps sur la description technique de cette barrette secteur.

IMPRESSIONS D’ECOUTE :

Ayant à disposition des enceintes embarquant l’amplification et la conversion N/A, j’ai saisi cette opportunité d’héberger les colonnes Kii Audio pour constater ce que pouvait apporter la barrette LH Audio Référence à un système complet.

Un seul bémol néanmoins : celle de la puissance exploitée par la brochette d’amplificateurs rôtissant dans chaque colonne, dépassant un peu les capacités maximales de la barrette secteur LH Audio. Il faut néanmoins sonoriser un vaste espace pour exploiter toute la puissance disponible sur les Kii et je pense ne les avoir jamais atteintes.

Photo - Audiophile-Magazine - Série Référence
Photo 2 - Audiophile-Magazine - Série Référence

Par rapport à mes prises Furutech murales (chacune directement reliée au compteur), l’impression de résolution et de taille d’image stéréo augmentées est facilement observable.

La dynamique est également en progression sensible. La présentation générale est un peu moins ronde, confortable qu’avec mes prises murales. Toutes les petites duretés de la prise de son s’entendent sans doute plus distinctement. La barrette secteur LH Audio ne pardonne donc pas grand chose et mieux vaut donc avoir un système bien affûté pour en tirer parti.

Il y a aussi un niveau de silence supérieur. Cela bénéficie à la précision des attaques de notes. La qualité des transitoires avec les démarrages de timbales dans l’Humoresque de Richard Strauss est particulièrement impressionnante. Et puis, la richesse tonale des vibrations des membranes est d’un niveau assez rarement rencontré.

Le phrasé explosif de Marta Argerich durant le concert du nouvel an 1992 avec le Philharmonique de Berlin (direction Abbado) est tout simplement magnifique.

Photo 3 - Audiophile-Magazine

Si la scène sonore avec les prises murales laissait apercevoir une superposition de nombreux plan variés, et précisément délimités, la barrette secteur LH Audio va au delà en offrant une sorte de continuité naturelle de l’espace en profondeur, hauteur et en largeur

Les Kii Three + BXT semblent ne plus avoir aucune limite, à défaut peut-être d’une petite dose de douceur qui manque aussi peut-être à l’amplification NCore.

La barrette LH Audio redonne aussi un peu de tonus à la musique et une impression de live accrue. C’est assez flagrant à l’écoute de l’album de l’album New Standards All Stars d’Herbie Hancock. Si les timbres perdent un peu de chaleur, la scène sonore gagne en réalisme.

Photo 4 - Audiophile-Magazine - Série Référence

En comparaison de ma barrette LH, la série Référence apporte plus de relief à l’écoute, avec un meilleur détourage des instruments.

Il y a davantage de profondeur de champ et donc une image tridimensionnelle plus précise.
En revanche, le rendu me paraît un peu plus analytique avec son lot d’avantages et d’inconvénients. Côté positif, le niveau des détail d’ambiance amène en effet un sentiment de présence accru.

Côté négatif, la barrette LH Audio Référence s’avère plus sensible aux câbles secteurs et est moins indulgente que le modèle original au regard des petites duretés présentes dans la chaîne audio ou sur l’enregistrement.

C’est donc un fonctionnement plus pointu qu’impose la dernière création LH Audio : plus de silence pour mettre en lumière les qualités comme les défauts. On a a priori pas encore trouver la barrette miracle qui magnifierait les bon côtés en gommant les mauvais…

Sur Polimnia (Les oiseaux de solitude – Philippe Chamouard), la flûte se veut plus incisive, plus présente et le piano plus dense et profond avec la série Référence. 

En laissant ensuite les Kii Three pour un système plus conventionnel, et en saturant moins la capacité de la barrette LH Audio, j’ai testé l’apport de la barrette Référence en comparaison de celle originale sur le DAC Mola Mola Tambaqui.

Photo 5 - Audiophile-Magazine - Série Référence

A l’écoute de la Valse de Ravel en version orchestrale (Les Siècles – François Xavier Roth), celle-ci se fait plus grinçante, plus autoritaire également.

On gagne en précision sur l’ensemble du spectre, et la micro dynamique semble comme renforcée. L’augmentation de la profondeur de scène bénéficie à la séparation et netteté des différents pupitres.

Certains petits bruits parasites et craquements captés lors de la prise de son viennent perturber plus franchement le tableau, mais c’est ça aussi, la haute fidélité.

On gagne en précision sur l’ensemble du spectre, et la micro dynamique semble renforcée. Je n’ai plus la sensation de restitution un peu raide, sans doute finalement le fait des amplificateurs Hypex NCore embarqués dans les Kii, que ce soit en comparaison de ma barrette ou de mes prises murales…

Photo - Audiophile-Magazine - Série Référence - Modèle bois

En revanche, je perds toujours un peu sur les timbres, sans doute la signature du placage rhodium des embases Furutech. Du moins, c’est souvent ce que j’ai pu constater avec ce revêtement, qu’il s’applique aux prises ou bien aux terminaisons des câbles. Le tout cuivre que j’utilise majoritairement dans mon installation m’a toujours semblé plus chaleureux.

Il faut prendre en compte également l’impact du câble secteur qui relie la barrette à la prise murale, car celui-ci conditionne également une bonne partie du résultat.

LH Audio a prévu de proposer bientôt un cordon secteur à associer à sa barrette. Compte tenu des caractéristiques de mon installation, le câble standard noir s’est avéré le plus efficace, les autres apportant une empreinte sonore souvent trop marquée, bridant les aptitudes dynamiques du système. Espérons que le fabricant saura trouver le juste équilibre…

Série Référence - 6 embases - Finition noir

CONCLUSION :

LH Audio a réussi à pousser son concept de barrette secteur particulièrement insensible aux vibrations, et dénuée de tout composant électronique, encore un peu plus loin.

Certes, le prix s’en ressent nettement et l’hyper définition se fait très légèrement au détriment des timbres. Il faudra donc que le système suive car la série Référence n’est pas ici pour masquer les défauts mais pour mettre encore davantage en évidence les points forts comme les points faibles d’un système.

Finalement, cette barrette secteur est un peu là pour rappeler les priorités et les hiérarchies à respecter dans la mise au point d’une chaîne hifi et cela est plutôt rassurant.

Un accessoire à réserver donc aux systèmes haut de gamme, ayant besoin de davantage de silence pour exploiter au mieux leur capacité d’analyse.

Prix :

  • Modèle 6 embases : 1.490 € 
  • Modèle 8 embases : 1.790 € 

Fabricant :

Auteur de la revue

Joël Chevassus

Date de publication

Décembre 2021

Numéro de la revue

N° 8